Kinderzimmer de Valentine Goby : un livre vraiment poignant

Ce roman de Valentine Goby retrace l’histoire de femmes détenues entre 1944 et 1945 au camp de Ravensbrük, une structure où les nazis déportaient les prisonnières de guerre. Kinderzimmer raconte surtout le terrible parcours de Mila, une résistante française qui est arrivée tout juste enceinte au camp, et qui l'a caché aux gardiens et aux autres détenues. Mila veut avoir ce secret pour elle. Elle ignore tout de ce qu'elle va vivre, de ce qui se passe en elle et elle a terriblement peur de ce qui pourrait leur arriver, son bébé et elle.

L’histoire est très réaliste, elle insiste sur certains aspects de l’univers concentrationnaire sans les caricaturer; par exemple, l'auteur évoque les nuits où Teresa et Mila se réchauffent entres elles : « Tu veux qu'on se réchauffe ? chuchote Teresa. Je viens contre toi, je souffle dans ton dos. » p.90-91

Dans son livre, pour exprimer certaines émotions, Valentine Goby s’inspire de témoignages qu’elle a reçus, de femmes détenues. Elle s’est notamment inspirée de l’expérience de Marie-José Chombart de Lauwe, résistante française qui fut déportée au camp de Ravensbrük entre 44 et 45 et qui s'est occupée des bébés qui étaient rassemblés dans la kinderzimmer.

Cette oeuvre nous a marquées pour la précision des évocations qui plongent le lecteur dans une atmosphère terrifiante, vivant au rythme des maigres espoirs... souvent anéantis par la violence et cruauté des SS; Valentine Goby retranscrit avec justesse des sensations physiques, comme le froid et l'épuisement, la douleur des estomacs vides et des maux qui rongent le corps; elle évoque sans filtre la force des émotions, qui oscillent entre horreur, incertitude totale et lueur d'espoir...

Critique rédigée par Léna & Lison